Depuis le début du confinement, je vis de manière particulièrement pressante un appel pour tous à l’oraison, à la vie d’union au Christ par les dons de l’Esprit Saint. Vivre au plan des trois vertus théologales dans le silence et l’approfondissement de la relation interpersonnelle entre les personnes de la Trinité et celui qui prie amène progressivement à un détachement complet de l’image. Aussi les mises en oeuvres zélées et multiples à proposer pour les Rameaux et les grands offices de la semaine sainte, une retransmission par internet m’apparaissent comme purement et simplement incompréhensibles. J’aurais tant aimé que cet appel pressant à la vie intérieure se traduise dans notre Eglise par un retour à ce qui fait notre caractéristique : la vie mystique, la communion des saints et des baptisés par la vie au plan théologal. Ma peine est profonde de voir se multiplier pour rien les propositions activistes de retransmission. En quoi en effet voir une messe paroissiale à huis clos me place-t-il au plan théologal ? Ce n’est pas l’image qui fait ma conversion, mais la vie qui transcende les sens, surtout celui de la vue au profit de l’écoute intérieure. S’il y avait une proposition théologale et incarnée à faire, c’était de vivre la messe transmise depuis Saint Pierre de Rome. Pourquoi? Parce qu’elle l’est depuis longtemps en vertu de la grâce et de la fonction papales. Il se trouve que notre pasteur est un homme de silence et que son exemple incite à un approfondissement. Sans papolâtrie, en cette crise sans précédent pour l’humanité, ce geste unificateur aurait pu se vivre aussi à la fois comme une incarnation du « qu’ils soient un » du chapitre 17 de l’Evangile de saint Jean et comme un acte réel de pauvreté, en choisissant délibérément de sa faire pauvre et non de contourner la pauvreté proposée par une concession grave avec les valeurs du monde puisqu’elle nous fait oublier le coeur de notre vie : la vie selon les dons du Saint Esprit. Mais il est encore temps. Sainte Semaine.
Claire Bressolette