Claire Bressolette propose un commentaire sur son blog : culturevitale.fr
N’hésitez pas aussi à l’écouter sur radio présence mardi 28 avril à 6h33 et à 20h00 !
Première partie : l’encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947) et sa définition de la liturgie : culte rendu au Père céleste par le Christ et son corps mystique. La vie cultuelle de l’Église totale est ordonnée à la vie théologale de l’Église totale.
« Elle demande à procéder du silence et de l’amour pour s’achever dans l’amour et le silence. » (Charles Journet)
Liturgie et vie intérieure : Le culte public (chants, psaumes, rites…) doit être principalement intérieur « car il est nécessaire de vivre toujours dans le Christ, de lui être tout entier dévoué […] Le culte liturgique requiert de ceux qui y participent « la méditation des réalités surnaturelles et l’effort ascétique destiné à purifier l’âme » (MD, p. 14) ; c’est avant tout par un acte caché au plus profond d’eux-mêmes, invisible aux hommes et non entendu d’eux, c’est avant tout par la ferveur intérieure de l’âme et en s’unissant de cœur aux intentions du célébrant et à celles du Prêtre éternel que les fidèles offrent avec lui le sacrifice et s’offrent eux-mêmes avec lui.
Nous sommes ici, croyons-nous, en présence d’une vérité centrale. Ce qui est principal dans la Loi Nouvelle, enseigne saint Thomas d’Aquin, est la grâce du Saint-Esprit opérant dans les cœurs. C’est donc à la réalité internelle et invisible qu’a passé désormais l’importance majeure. Cette loi d’intériorisation, qui est caractéristique du Nouveau Testament, ne s’applique pas seulement à la vie morale, où désormais ce sont les mouvements intérieurs et leur pureté qui comptent d’abord. Elle s’applique aussi au culte lui-même. Le culte rendu à Dieu par l’Église est nécessairement un culte extérieur, mais c’est un culte en esprit et en vérité, où ce qui importe avant tout est le mouvement intérieur des âmes et la grâce divine opérant en elles. En conséquence la liturgie catholique exige, – pour que le culte public rendu à Dieu soit authentique et réel, et réellement digne et juste, – que les vertus théologales soient à l’œuvre en ceux qui y participent ; la liturgie catholique vit de la foi, de l’espérance et de la charité.
La liturgie catholique demande donc à ceux qui y participent de tendre fût-ce de loin, à quelque chose qui est au-delà de la simple participation au culte liturgique, et qui s’accomplit dans le secret des cœurs. […] tendent à quelque degré dans la contemplation des saints, et à pratiquer en conséquence l’oraison mentale sous quelque forme et à quelque degré.
La liturgie et la contemplation de l’Église : Cette contemplation de l’Église, où s’épanouit dans l’invisible des cœurs la grâce des vertus théologales et des dons de l’Esprit, est évidemment supérieure à la grande voix liturgique qui la manifeste. […] Quelques-uns se méprennent parce que comparant la contemplation d’une âme en particulier avec la liturgie de l’Église entière, ils disent que la contemplation n’est qu’un acte singulier d’un individu, tandis que la vie liturgique est l’acte commun du Corps mystique lui-même. En réalité c’est la participation de tel ou tel en particulier à la vie liturgique qu’il faut comparer à la contemplation de tel ou tel en particulier.
Celui qui, comme saint Antoine dans le désert ou saint Jean de la Croix dans son cachot, est uni à Dieu par l’oraison infuse participe plus à la vie du Corps mystique que ceux qui par leurs paroles et leurs gestes, et avec piété sans doute mais à supposer qu’ils n’aient pas franchi le seuil de la contemplation infuse, suivent avec le plus d’exactitude les rubriques de la liturgie.
Vertu de religion et vertus théologales : Si éminente qu’elle soit, la liturgie (cf. Sum. theol. IIa-IIae, q. 81, a. 5) relève de la vertu morale qui est en dessous des vertus théologales et des dons du Saint-Esprit dont relève la contemplation infuse.
Ce que la liturgie demande de l’âme (des dispositions proportionnées à l’acte qui s’accomplit sur l’autel, la plus haute contemplation), ce à quoi elle l’incite, elle seule ne suffit pas à le lui donner. Il y faut l’effort ascétique personnel, l’aspiration personnelle à l’union à Dieu, et la docilité personnelle aux dons du Saint-Esprit.
Il serait erroné de dire que l’assistance à l’Acte divin de la Messe supplée à ces divers aspects du travail personnel vers la perfection intime de l’âme et que la simple participation à la liturgie établirait notre vie spirituelle à un degré plus élevé que celui où elle est portée par l’union à Dieu dans la contemplation.