Les extraits de Liturgie et contemplation, opuscule écrit par Jacques et Raïssa Maritain en 1959, ici proposés ainsi que dans la page « Pâque et le corona » m’ont incitée à trouver un rapprochement entre deux homélies du pape François et l’importance donnée aux vertus théologales.
Dans son homélie du jeudi saint, le pape François invitait les prêtres à « se laisser laver les pieds par le Christ ». Servir Dieu et son Eglise demande d’abord de se laisser servir par Celui qui a voulu être le Serviteur par excellence. L’activisme est ici absolument hors de propos, voire mortifère pour la vie de l’Eglise. En ce confinement, ces paroles et cet évangile du lavement des pieds prennent donc un sens très réel: la privation de la liturgie, si douloureuse soi-telle pour tous est un appel à vivre le service du Christ pour son Eglise en tournant résolument le dos à l’action visible, c’est à dire à la vertu morale de la liturgie. Vivre au plan des vertus théologales, approfondir notre vocation de contemplatifs et de mystiques, tel est le chemin dans lequel le lavement des pieds et le pape engagent tout d’abord les clercs, puis l’ensemble du peuple de Dieu.
Dans l’homélie de ce lundi 20 avril, prononcée à sainte Marthe dans la messe du jour du 7h00, le pape, commentant la visite de Nicodème à Jésus, pendant la nuit, revient sur cette vie selon l’Esprit saint qui est la vie théologale. Pour saint Thomas si la vertu théologale de charité manque, la messe n’est pas valide. On a le vertige. Et ce confinement comporte donc une grâce, la grâce la plus haute parce que la plus profonde, celle de nous appeler à ce silence pour naître d’en haut, pour devenir des adorateurs en esprit et en vérité, pour vivre de l’union au christ et non de la vertu de religion.
La pandémie est un drame, mais la liberté de l’homme dans sa réception des événements est engagée de manière à ce que le monde de demain soit changé en profondeur. Et nous sommes, nous chrétiens les premiers convoqués. Le pape François le rappelait aussi hier, dimanche de ma miséricorde dans la fin de son homélie où il souhaitait que « la réponse des chrétiens aux tempêtes du temps ne soit ni du piétisme ni une idéologie d’assistance, mais la réelle et vraie compassion qui vien du coeur ». Où la puiser si ce n’est dans la pratique de l’oraison et la redécouverte de l’ascèse qui lui est propre? Oui, laisson-nous laver les pieds par le Christ lui-même avant de courir aux écrans, aux moyens d’agir et d’espérer revenir à la liturgie comme avant. Espérons le contraire: que nos liturgies soient encore plus vraies du fait de l’approfondissement de notre vie théologale dnas cet espac-temps donné par le confinement et gardons-nous de le remplir d’activisme.
Claire Bressolette