Epiphanie du Seigneur, 3 janvier 2021 Abbé Paul Roland-Gosselin Chers frères et sœurs, Voici qu’après les bergers, des Mages venus d’Orient viennent se prosterner et adorer l’Enfant de la crèche. Ils sont comme les premiers d’une grande procession ininterrompue qui à travers l’Histoire de l’Humanité continue d’aller vers Dieu. Avec les bergers, qui représentent les âmes humbles et pauvres qui trouvent le Seigneur dans la pauvreté et l’humilité, nous avons contemplé dans la nuit de Noël, notre Dieu qui se fait Homme, qui se fait petit enfant. Avec les mages, nous fêtons l’Epiphanie, c’est-à-dire la manifestation de Dieu. Cet Homme, cet Enfant de la crèche, c’est Dieu lui-même, incarné. (100% Homme et 100% Dieu). Et c’est pourquoi, les savants, les puissants, les rois se prosternent, à l’instar des mages, devant cet Enfant qui est le Seigneur. Qui étaient ces mages ? La Tradition en fait des Hommes de sciences, surement des astronomes (pas des astrologues !), des hommes qui observaient les astres, qui cherchaient les signes du Ciel. Ils cherchaient ce qu’il se passe dans l’univers, mais ils devaient chercher aussi au-delà des limites de l’existence. Ils cherchaient les réponses aux questions existentielles de l’Humanité : D’où venons-nous et où allons-nous ? Ils cherchaient la Vérité. Et suivant les signes, ils se sont laissés guidés jusque vers la crèche où venait de naître celui qui est la Vérité, Jésus. Ils ont cherché les signes, et se sont laissés guider par eux. Cela traduit une double attitude spirituelle : Celle du chercheur, et celle de l’humble. Les mages étaient des chercheurs de Dieu humble. Nous aussi pouvons trouver le Seigneur en cherchant le signe que Dieu nous donne et en nous laissant humblement déplacer par lui. Les mages ont eu pour signe une étoile, mais nous, quel est le signe que nous devons suivre ? Il y a bien un signe. Vendredi, 1er janvier, comme chaque année était aussi le 8e jour de l’Octave de Noël : un jour qui dure huit jours. Comme chaque année le 1er Janvier 2021 était dédié à la Vierge Marie, mère de Dieu. Et la liturgie nous proposait de contempler la joie de la Mère de Dieu. Joie immense et profonde pour Marie de devenir mère, mais aussi de voir s’accomplir en elle le dessein salvateur de Dieu. Chaque année commence par une journée de joie. La joie est comme le principe de chaque année, la marche à suivre. Parce qu’en Jésus, Dieu est présent pour sauver le monde, nous pouvons nous réjouir. La joie est le signe de la présence de Dieu. Si nous voulons trouver Dieu, il nous faut aller de joies en joies. Mais est-ce que ce n’est pas un peu irréaliste de choisir la joie alors que nous vivons dans une vallée de larmes ? Est-ce que ce ne serait pas un peu surjoué de choisir la joie ? Quelle est la joie véritable ? Nous avons souvent, aujourd’hui, à l’heure de la télé réalité, de tik-tok et des amuseurs publics, une fausse idée de ce qu’est la joie. La joie n’est pas une hystérie, ni une excitation de sentiment. La joie est le produit, l’expression et le signe de l’amour. La joie est lié à l’amour. Sans amour il n’y a pas de joie. Il y a donc deux lieux qui permettent d’expérimenter la joie : le service et la prière. Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est l’un et l’autre. Là où il y a l’un sans l’autre il n’y a pas d’amour véritable, et là où n’est pas l’amour véritable, n’est pas la joie véritable. La joie véritable qui vient de Dieu, et je devrais dire la seule joie qui soit (le reste n’est qu’illusion provisoire), cette joie est une attitude fondamentale du cœur aimant et priant. Cette joie n’est pas forcément une « joie sentie », elle est d’abord « située » dans les profondeurs de notre être et irradie progressivement les dimensions plus périphériques de notre être dont les sens sont à l’extrémité. La joie est la manifestation de Dieu en nous, en quelque sorte une Epiphanie du coeur ! Pourtant, cette année, comme toute les autres aura son lot de malheurs, son lot d’épreuves, de guerre et de maladie. Mais tout cela, à la lumière de Noël et de Jésus dont le nom signifie Dieu sauve n’a plus la même importance. Et ce n’est pas égoïste ou idéaliste de croire cela, c’est regarder le monde avec le regard de la foi en Jésus qui sauve le monde et qui remporte la victoire définitive sur le mal à la fin des temps. Le pape François affirme dans son exhortation apostolique sur la sainteté « Réjouissez-vous et exultez» : « Il y a des moments difficiles, des temps de croix, mais rien ne peut détruire la joie surnaturelle qui (…) qui demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout. (EG6) C’est cette assurance intérieure, une sérénité remplie d’espérance qui donne une satisfaction spirituelle incompréhensible selon les critères du monde. (EG125). » Il faut de l’audace, aujourd’hui pour choisir la joie, alors que règne la peur et la haine. C’est notre responsabilité de chrétien d’accueillir la joie du Christ en nos cœurs et de la porter au monde. Si nous ne portons pas la joie au monde, personne ne le fera à notre place. La joie de Jésus est le remède dont le monde à besoin. Choisissons la joie de l’amour pour une sainte et joyeuse année 2021 ! Amen