Dimanche 15 mars, je me lève de bonne humeur. Il y a bien dans l’air une inquiétude générale liée au coronavirus et à la récente interdiction pour les regroupements de plus de cent personnes, mais tout a été mis en place pour que tout le monde puisse assister quand même à la messe.
Seulement voilà, quelques secondes après avoir allumé mon téléphone portable, la nouvelle tombe : toutes les messes du diocèse de Toulouse sont annulées jusqu’à nouvel ordre ! Impensable de ne pas participer à l’eucharistie ce dimanche.
Puis une autre nouvelle arrive : vivre la messe chez soi en communion spirituelle, c’est possible. Ça alors, je n’en ai jamais entendu parler, mais chez soi quand on est valide, je ne le sens pas vraiment.
Avec Magali, nous décidons finalement d’aller à L’église et de célébrer ce dimanche en couple, en communion spirituelle. C’est une bien étrange expérience que de se retrouver seuls dans une église un dimanche matin. Pourtant, nous avons l’impression d’avoir accompli là un vrai acte de foi, malgré cette première privation de l’eucharistie.
Et puis, lorsque deux ou trois personnes se réunissent au nom de Jésus, il est présent parmi eux…
Lundi 16 mars, le travail reprend. Après de rapides salutations, chacun récupère les affaires qui lui sont nécessaires pour télétravailler avant de repartir chez lui. C’est une chance que nous soyons préparés à cette éventualité. Me voilà donc seul au travail.
Premier repas en solitaire. Pourquoi ne pas en profiter pour dire le bénédicité ? C’est très loin d’être mon habitude et de plus, jamais au travail. Mais seul, et puis c’est Carême. Je me lance et bénis aussi les locaux et mes collègues. Un bonheur, une autre nouvelle expérience de pratique de la foi.
Mercredi 25 mars, invitation du pape à la prière du Notre Père et au chapelet. Il ne m’est malheureusement pas possible d’y participer aux heures fixées à cause d’appels de clients, mais le soir nous prions le chapelet pour la première fois en couple. Décidément, ce confinement pendant Carême est riche en découvertes spirituelles.
Dimanche 29 mars, le confinement se durcit et nous nous interrogeons sur ce qu’il convient de faire ou pas. Mais voilà, innovation dans notre paroisse : messe en direct de l’Union sur Facebook ! Nous nous retrouvons cette fois-ci en train de communier spirituellement devant un écran d’ordinateur. Je n’aurais jamais imaginé cela auparavant.
Les jours suivants, nous assistons alors aux cérémonies dominicales, ainsi qu’à celles de la semaine sainte sur kto, sur le site de l’Union ou sur celui de l’Immaculé Conception où nous nous sommes mariés, en fonction des horaires et de nos disponibilités.
Vendredi 9 avril, décidément, cet écran commence à me frustrer. Après avoir vu la cérémonie de la mise au tombeau, j’ai envie de me recueillir à l’église. Mais sera-t-elle encore ouverte ? Je tente ma chance et marche dans la nuit en récitant le chapelet. Trop tard l’église est fermée. Dommage, je suis déçu, mais c’était plus que prévisible. Je termine mon chapelet sur le chemin du retour.
Samedi 10 avril, après avoir eu le Père Jean-Baptiste au téléphone, nous décidons d’apporter des fleurs à l’église. Nous ne sommes finalement pas les seul sà l’avoir fait et le cœur en est superbement décoré. Ma décision est prise, je passerai la Vigie Pascale dans cette église, si bien fleurie pour accueillir la résurrection du Christ.
Lundi 13 avril, le confinement est prolongé jusqu’au 12 mai. Même si j’ai appris beaucoup de choses jusqu’à présent, je suis las. Rien de ce que j’ai vécu ne peut vraiment palier à l’absence de l’eucharistie et à la joie de retrouver notre famille paroissiale tous les dimanches. J’opte dorénavant pour la messe en communion spirituelle dans mon église, pour exprimer ma volonté de reprendre la messe, exercer mon droit de présence, donner un peu de vie à la maison de Dieu..
Mardi 28 avril, nos craintes sont confirmées, toujours pas de messe jusqu’à début juin, alors que les magasins de bricolage et les jardineries ré-ouvrent. Me voilà seul à l’église, pour combien de temps encore ? Que faire ? Jésus, qu’aurais-tu fait à notre place ? Que nous aurais-tu conseillé ? Je crois que tu m’aurais dit de faire comme les juifs chez les juifs, comme les romains chez les romains, de suivre sur cette terre les lois de César, de prier dans l’intimité de mon église et de ma maison. Dieu saura voir ce qui est dans mon cœur.
Je continue donc à aller régulièrement à l’église et à ne pas cesser de prier à la maison non plus, dans l’obéissance, mais aussi avec patience et espoir surtout…
Alain